La vitalité des soins palliatifs

Psychologue en soins palliatifs, j'ai rencontré une femme qui, malgré ce que pensait son fils, a trouvé une joie de vivre au-delà des épreuves.
Mon activité de psychologue en soins palliatifs me confère une mission d'écoute et d'accompagnement des patients et de leurs familles. Dans ce cadre j'ai découvert, avec une certaine surprise, que la période de fin de vie, qu'elle soit longue ou courte, n'est jamais uniforme. Elle est un chemin, un processus que l'on ne peut prévoir.
Je me souviens de l'entrée d'une femme en unité de soins palliatifs. Son fils, attentif à la situation de sa mère, disait aux soignants : « Je vous préviens, elle ne va pas supporter la perte d'autonomie, la perte de la marche, la douleur, elle a toujours eu peur d'avoir mal. » Il demandait une sédation rapide, insistant pour que « les choses ne durent pas ».
Sa maladie évoluant, cette femme a effectivement souffert, en rencontrant les premières pertes décrites par son fils. Mais peu à peu, grâce notamment au travail d'écoute et d'accompagnement renforcé de l'équipe soignante, cette personne s'est révélée, elle a pu exprimer ses fortes angoisses liées à la dépendance physique, leur donner du sens, s'en trouvant ainsi apaisée, réconfortée. Sa personnalité s'est épanouie en peu de temps, soignants et proches en ont été les témoins. « Je ne l'ai jamais vue aussi vivante » nous disait son fils, quelques jours avant sa mort.
Cet exemple est représentatif d'une réalité trop souvent passée sous silence. Oui, la fin de vie est une période difficile, souvent traumatisante pour le malade, ses proches et pour les soignants. Mon expérience de psychologue me montre que les derniers instants sont aussi une « belle période », un temps de développement personnel accéléré, intense, permettant souvent une maturation personnelle et un renforcement des liens familiaux. Encore faut-il qu'un accompagnement bienveillant et professionnel soit proposé, ce qui milite en faveur d'un développement massif des soins palliatifs dans notre pays. Encore faut-il qu'on laisse le temps au temps, qu'on laisse aux personnes une chance de vraiment vivre jusqu'au bout.
(Source : www.lefigaro.fr)
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