La relation triangulaire : proche, soignant, patient

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Ce qui est rarement dit, c’est que le placement du résident bouleverse également la vie du proche, même si les conséquences sont moindres pour lui. C’est pourquoi les soignants doivent prendre en compte et accueillir ces proches.


(...) Accueillir les proches, cela signifie leur donner une place au sein de l’institution. Ces personnes ne savent pas toujours très bien comment se situer dans ce nouveau contexte. Ils se sentent souvent inutiles, perdus. Ils ont besoin de temps pour intégrer les nouvelles règles de la maison de repos, pour comprendre à qui ils doivent s’adresser lorsqu’ils ont une question ou lorsqu’ils désirent signaler une information importante Ils ont besoin qu’on leur donne des repères et des messages clairs. Ils demandent à être rassurés. Mais généralement ils le formulent de façon implicite, avec maladresse, et parfois de manière agressive. Il y a à les écouter « entre les lignes », et cela demande de l’attention et du temps aux soignants qui sont souvent débordés par les multiples tâches qui leur incombent. La disponibilité d’esprit nécessaire pour ce faire demande un climat de confiance et un respect mutuel. Les proches ont transmis leur « pouvoir » aux soignants, si l’on peut dire. Soit ils en éprouvent un certain soulagement, soit ils ont le sentiment d’avoir perdu le privilège de pouvoir soigner la personne âgée. Ils peuvent se sentir très inquiets d’être forcés de déléguer leurs responsabilités à des inconnus, si professionnels soient-ils. Culpabilité, colère, tristesse, gêne, peur, sentiment d’abandon sont alors au rendez-vous. Ces émotions créent des non-dits et des passages à l’acte qui rendent les contacts malaisés voire impossibles.

Il est indispensable qu’une relation de confiance s’établisse entre les soignants et les proches. Une triangulation doit se mettre en place : résident-soignants-proche(s), triangulation sous-tendue du soutien des soignants par leur direction. (…) Les proches sont en réalité à considérer comme partenaires des soignants, le résident étant au centre des préoccupations de chacun. Lorsque ce n’est pas le cas, deux positions sont généralement prises par les proches ; soit ces derniers s’absentent et se distancient de leur parent ou ami, soit ils envahissent la MRS et les soignants, tentant de maîtriser la moindre des actions de ces derniers, exigeant d’eux qu’ils répondent à tous leurs désirs ! Heureusement, une histoire mal commencée peut évoluer positivement, à condition que chacun ait la capacité et le désir de se remettre en question et de poser un regard neuf sur l’autre en s’éloignant de l’imaginaire, en l’écoutant. (…) Une des conditions indispensables à l’établissement de relations suffisamment harmonieuses entre les différents intervenants est que chacun d’eux puisse occuper une place clairement définie, et puisse parler en son nom. (…)

(source : Kaïros n°62)

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