"Humaniser" la profession médicale par la littérature?
Source : Le temps ; La fabrique narrative
« Il faut humaniser les médecins ». Cette demande, issue du monde médical lui-même, a de quoi interpeler. Les médecins ont conscience des problèmes de communication et d’empathie qu’ils rencontrent parfois avec leurs patients. Ils éprouvent tout autant que ces derniers le désir de contrebalancer la technicité extrême de leur profession par une meilleure écoute et qualité de relation.
Face à cette demande, le Professeur suisse Alexandre Wenger, enseignant à la Faculté de Médecine de l’Université de Genève, s’est attelé à livrer à ses étudiants des clés permettant de réinjecter du « singulier » dans la relation médecin-patient et recréer ainsi un lien, une alliance thérapeutique fondée sur la confiance.
Le lien est d’ordre éthique pour le médecin, thérapeutique pour la personne souffrante : le médecin s’engage à soutenir émotionnellement son patient, car cette relation est reconnue pour avoir une influence sur son corps malade.
La mouvance lancée est ce que l’on appelle aujourd’hui la « médecine narrative ».
Les facultés de médecine sont de plus en plus nombreuses à mettre en place ces cursus d’ « humanités médicales ».
Au travers de séminaires de littérature ou d’ateliers d’écriture, les jeunes médecins apprennent à rendre sa juste place à la parole du patient, car son histoire peut les aider à traiter la maladie. Il s’agira pour le médecin d’interpréter et de comprendre les paroles de son patient, pour en externaliser le problème médical, sans perdre de vue l’importance la relation elle-même.